On a rarement été aussi heureux de jouer les entremetteurs : vous ne connaissez pas encore Botibol, mais vous allez très bien vous entendre et probablement filer doux toute l’année avec son premier album, merveilleuse surprise du trimestre.
Born From A Shore échappe aux étiquettes attendues et s’impose comme une réussite majeure et singulière, à la croisée des chemins folk et pop que les artistes les plus passionnants de la dernière décennie ont arpenté avec d’autres bagages et d’autres chaussures. Bien plus qu’un énième disque mûri à l’ombre d’influences rebattues, on tient là une généreuse collection de chansons sur laquelle souffle un vent de liberté extraordinaire, incarné par un chant souple et des arrangements saisissants, qui entrelacent en finesse percussions, guitare et voix.
Magic RPM (Vincent Théval)
Admirablement chantées en polyphonies touffues, ces chansons ont ainsi grandi dans cette douce utopie hippie où chacun a laissé à l'entrée du camp les règlements de la pop, du folk ou de l'electronica.
Les Inrocks (JD Beauvallet)
Ce songwriting est d’une profondeur rare, et peut même se laisser aller à un périlleux exercice de style sur ”We Were Foxes”, titre ponctué d’un refrain français naïf à souhait, sans souffrir de ridicule. Après tout, la spontanéité affichée tout au long de cet album ne peut qu’entrainer l’auditeur dans l’exaltation. Plein d’emphase, ce disque joue avec nos tripes en alternant légereté et errance. Discrète mais cohérente, la batterie minimaliste des Crane Angels (jouée par Arch Woodman sur scène) contribue aussi à l’ampleur de certaines compositions de ce “Born From a Shore” étalant un génie incontestable le long de douze morceaux écrits avec minutie. Du coup, Botibol apporte au moins autant au folk que ce que François Virot et Boogers ont respectivement amené au rock l’année passée: une sincérité, une fraicheur et un talent exemplaire à tous les niveaux. Bientôt un ”must-have”.
Mowno
Dans Born from a Shore, Botibol tire souvent sa musique du côté d’une pop plus enjouée, d’aucuns diront cristallines avec ce glockenspiel et ses carillons qui tintent lumineusement. Sous les mains magiques de Vincent, Friends devient un moment irrésistible : une mélodie charmeuse aux pouvoirs de séduction ravageurs, doublée d’une profondeur de ton, pour ce qui se fait de mieux dans le genre aux côtés de Sufjan Stevens, Bright Eyes et de feu Jeff Buckley. Oui, le morceau est de ce niveau. Jo Cowboy et Arudy allient la fragilité d’un toy piano et des choeurs aériens à une rythmique appuyée et des accords électriques : Botibol se joue de ce paradoxe dans un formidable geste brillant qui fait les grands artistes.
Chapeau bas pour un disque qui fait entrer son auteur illico presto dans la cour des grands.
Denis Zorgniotti, benzine